Le cyclone puise la chaleur de l'océan et de l'évaporation de grosses quantités d'eau chaude et la transforme en vents violents, et en nuages très puissants et bien développés. Un ouragan de classe 4, comme DAVID, HUGO ou LUIS, s'accompagne de vents soutenus de 220/240 km/h. Ils provoquent des dégâts irréparables, détruisent les réseaux électriques, les habitations précaires, hachent la végétation, certaines rafales pouvant dépasser 280 ou 300 km/h. Si la pression s'abaisse à moins de 920hectoPascals (ou millibars) au niveau de la mer, on a affaire à un ouragan de classe 5, un super-cyclone : GILBERT, " l'empereur ", était de ceux-là les 13 et 14 septembre 1988, tout comme CAMILLE en 69 ou ALLEN en 80, ou encore MITCH fin octobre 1998, pour ne parler que de ceux qui ont laissé beaucoup de traces et de souffrances ces 30 dernières années. HUGO aussi, fut un super-cyclone la veille de son passage en Guadeloupe avec une pression minimale de 918 hPa; il eut la bonne idée de s'affaiblir un peu avant de traverser l'île !
Le record mondial de basse pression au niveau de la mer appartient toujours au typhon TIP de l'Océan Pacifique avec 870 hectoPascals le 12 octobre 1979 et un vent maximal estimé à environ 310 km/h !
Il faut savoir que la pression exercée sur une surface, sur un mur par exemple, est proportionnelle au carré de la vitesse du vent qui est à l'origine de cette pression. Un vent de 200 km/h aura une action 4 fois plus importante qu'un vent soufflant à 100 km/h. La plupart des constructions répondant aux normes actuelles prenant en compte le risque cyclonique doivent résister à des vents de 240 km/h (ouragan de classe 4). Cette valeur de vents correspond alors à une pression dynamique de l'ordre de 310 kg par mètre-carré (près de 2600 Pascals en unité internationale).
Mais il n'y a pas que les vents qui sont destructeurs. Les pluies aussi et surtout, devrions-nous dire, puisque ce sont elles qui, par leur action, tuent le plus, d'autant qu'elles peuvent accompagner des cyclones de moindre intensité. Ces dernières années, les dégâts les plus nombreux, les destructions les plus importantes, les victimes répertoriées sur les Antilles Françaises sont essentiellement dus à l'action de l'eau, et des pluies en général, lors de passages de cyclones non intenses (ravines débordant rapidement, rivières en crues, torrents de montagne en furie, routes coupées et dangereuses, nombreux éboulements et glissements de terrain, habitations des bords des cours d'eau détruites ...).
- En Guadeloupe, MARILYN, ouragan de classe 1 seulement de 1995, a déversé 500 à 600 mm d'eau en 12 heures sur la ville de Basse-Terre dans la nuit du 14 au 15 septembre. C'est ce qui tombe en 2 mois en saison humide d'habitude. Là, ce fut en une seule nuit ! 500 mm d'eau représente 500 litres par mètre-carré ou 5 000 tonnes d'eau à l'hectare. HELENA, tempête d'octobre 1963 et LENNY, tempête tropicale le 19 novembre 1999, ont provoqué aussi des inondations généralisées.
- A la Martinique, DOROTHY en 1970 a tué 44 personnes par ses pluies diluviennes, intenses ; on a même relevé une quantité de 153 mm en 1 heure seulement à Fort-de-France. Et ce n'était qu'une Tempête Tropicale, tout comme CINDY en août 1993, voire DEBBY l'année suivante.
- à Saint-Martin et Saint-Barthélemy, JOSE puis LENNY en 1999, resteront également dans les annales par leurs pluies diluviennes et destructrices.
Et en ce qui concerne les quantités de pluies générées par un cyclone, il n'y a pas de règle. Certains ouragans de forte intensité sont plutôt " secs ", ne donnant que quelques dizaines de mm d'eau lors de leur passage. D'autres, considérés comme moins intenses, puisque les vents sont modérés, provoquent des inondations et glissements de terrains meurtriers, on vient d'en donner quelques exemples.
Ce n'est qu'en étudiant sa structure nuageuse et pluvieuse, grâce aux moyens d'observation que sont l'imagerie et d'autres produits de synthèse provenant des satellites météorologiques, les radars de précipitations, les investigations aériennes, que les spécialistes ont une idée du potentiel précipitant du cyclone. D'autant que peuvent jouer de façon importante aussi, les conditions locales :
- le relief montagneux amplifie les mouvements verticaux, et donc l'instabilité et les processus de condensation de la vapeur d'eau ;
- l'orientation de la trajectoire du système pluvieux par rapport à celle d'une chaîne montagneuse ou d'un obstacle naturel ;
- la vitesse de déplacement du cyclone, dont la lenteur accentue les quantités de pluies, le phénomène séjournant plus longtemps au même endroit.
EFFETS dus à la MAREE de TEMPETE et à l'ETAT de la MER :
La marée de tempête provoque un afflux d'eau marine, une surélevation du niveau de la mer qui inonde tout sur son passage, détruit tout sur le littoral. Elle provient des vents violents qui soufflent sur la surface de la mer autour du coeur cyclonique, et qui ont tendance à créer un courant très fort par frottement, normalement compensé en profondeur, au-delà de 50 à 60 m. de fond, par un contre-courant de sens opposé. Lorsque le cyclone arrive au niveau du plateau continental ou tout près des terres, ce contre-courant n'existe plus, seul le courant de surface reste fortement établi. Il y a donc une poussée mécanique naturelle de l'eau de surface et son accumulation vers les rivages, d'autant plus importante que le plateau continental est marqué. Il ne faut pas négliger non plus l'effet de dépression qui a tendance à " aspirer " l'eau vers le haut au moment d'une baisse de pression atmosphérique importante, qui contribue donc aussi à l'amplitude de ce phénomène : c'est l'intumescence ou effet de baromètre inversé.
La " surcote " est maximale dans la partie où tous les effets se conjuguent, c'est-à-dire pour les cyclones habituels de nos régions qui se déplacent vers l'ouest, dans la zone nord-est de l'oeil. Certains dénomment ce " pic " l'onde de tempête, qui dure quelques dizaines de minutes le plus souvent, deux heures au maximum. Dans les zones où existe un grand plateau continental, c'est-à-dire où la mer reste peu profonde sur des kilomètres au large, les cyclones intenses peuvent provoquer une marée de tempête de 5, 6, voire 7 mètres. Et les victimes se comptent alors par milliers. Ce fut le cas en Chine en 1881, au Bangladesh en 1970, lorsque des typhons ou cyclones ont tué à chaque fois plus de 300 000 personnes surprises par la montée d'eau océanique subite, leurs habitations dévastées et emportées. Dans le delta du Mississippi aux Etats-Unis, CAMILLE en 1969 reste gravée dans les mémoires, l'eau ayant monté brusquement de près de 8 mètres.
Sur nos îles des Petites Antilles, par chance, les fonds marins sont vite importants au large, la marée cyclonique est plus faible, ne dépassant guère 2 à 3 mètres lors de passages d'ouragans intenses, sauf dans les zones de lagon et de " culs-de-sac " marins plus exposées. Ainsi, le cyclone de 1928 en Guadeloupe a généré une montée des eaux estimée entre 3 et 4 mètres sur les îlets de la baie de Pointe-à-Pitre.
Quant aux vagues, elles peuvent être monstrueuses, dépassant parfois 15 à 20 mètres autour des ouragans intenses. Et cette houle générée par les cyclones est généralement très énergétique et provoque des rouleaux immenses sur les rivages exposés, et ce jusqu'à une distance importante hors du système. LUIS en 1995 a eu des répercussions sur l'état de la mer jusqu'en Martinique, alors qu'il est passé plus de 300 km au nord, la houle venant du nord-ouest ou de l'ouest y étant fortement ressentie sur toute la côte caraïbe. Et que dire de LENNY en 1999, à la trajectoire inhabituelle d'ouest en est en Mer des Caraïbes, qui a meurtri tous les rivages habituellement protégés, exposés à l'ouest ! Toutes les îles de l'arc antillais, jusqu'aux Grenadines en ont souffert particulièrement, alors que le cyclone passait sensiblement plus au nord !
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