Tout d'abord,
il ne se crée pas à partir de rien. Il faut, à l'origine, qu'une zone perturbée
pré-existe : un amas nuageux ou une ligne de grains, qui est
une bande nuageuse constituée de nuages orageux, ou encore une onde tropicale,
qui est dans notre jargon spécialisé, une perturbation tropicale associée
à un axe dépressionnaire des couches basses et moyennes de la troposphère,
circulant d'est en ouest. Ces amas de nuages, certains météos utilisent aussi
le terme américain de " cluster ", se trouvent entre les tropiques, au niveau
d'une vaste zone de mauvais temps, qu'on dénomme Zone Intertropicale de Convergence,
la ZIC ou la ZCIT (cf Glossaire).
Mais cela n'empêche
pas certains cyclones de se développer, non pas à partir de perturbations
intertropicales, mais de perturbations d'origine tempérée, qui sont descendues
en latitude et ont pris peu à peu des caractéristiques tropicales, le cœur
froid notamment devenant alors un cœur chaud. On retrouve là-aussi à l'origine,
un amas nuageux qui a trouvé forte humidité et instabilité. Sur
les images de nos satellites, on peut ainsi déceler certaines formations nuageuses
pourvues d'un potentiel de convection profonde, voire parfois d'organisation
tourbillonnaire à l'état d'embryon. Certaines évoluent en cyclones, lorsque
les autres conditions sont réunies, d'autres pas et restent des amas nuageux,
ondes tropicales, zones perturbées ...
Autre condition,
celle qui assure le " carburant " du système, élément nécessaire pour maintenir
ou développer une zone perturbée. Ce carburant, c'est l'eau chaude,
l'océan devant avoir une température d'au moins 26°, certains disent
même 26,5 degrés Centigrades, sur au moins 50 mètres de profondeur.
L'évaporation de surface de grandes quantités d'eau fournira l'énergie nécessaire
pour entretenir le système de machine à vapeur qu'est une formation cyclonique.
Si l'eau est trop froide, le cyclone ne peut pas se former ou, s'il était
déjà formé préalablement, il s'affaiblit puis finit par perdre ses caractéristiques
cycloniques tropicales.
Autre élément :
les vents régnant dans l'environnement du système doivent être relativement
homogènes de la surface jusqu'aux sommets nuageux, au-delà de 12 à
15 km d'altitude. Sur toute cette épaisseur, le profil de vent doit en effet
être régulier, c'est-à-dire avoir la même direction et la même force ou presque.
Lorsque cette condition est réalisée, la partie active de la perturbation
reste concentrée et un renforcement du système peut s'effectuer. Sinon, l'énergie
développée par le système va se disperser et le système a tendance
à se " cisailler ". C'est le cas par exemple quand on rencontre des vents
d'Est dans les premiers niveaux, alors que des vents d'Ouest ou de Nord sont
observés plus haut. Le déplacement du système va se trouver contrarié, et
il aura tendance à se désorganiser : on parle alors de cisaillement dans
le profil vertical du vent.
Encore autre chose
: les premières conditions réunies, les nuages se développent, s'agglomèrent
; l'instabilité de la masse d'air aidant, un courant d'air ascendant se met
en place. Cette ascendance généralisée provoque une baisse de pression en
bas, vers la surface de la mer, et une hausse de pression à haute altitude
au niveau des sommets des nuages les plus développés, vers la tropopause,
sommet de la troposphère (" effet de cheminée "). C'est
la naissance d'une dépression de surface qui ne se creuse que si, en altitude,
les particules d'air qui montent et affluent peuvent s'échapper : on parle
alors en météorologie de divergence de haute altitude, permettant ainsi
au système de pouvoir fonctionner et s'entretenir de manière quasi-autonome.
Cette condition est à rapprocher de la précédente, si bien qu'on en arrive
à une situation " idéale ", ou plutôt très favorable au développement cyclonique,
lorsque le phénomène en cours se trouve situé, en haute troposphère, sur la
bordure occidentale (ou sud-ouest) d'une dorsale, on dit aussi axe anticyclonique.
En effet, les vents dans cette position ont une direction venant du sud-est
ou du sud, favorisant la divergence d'altitude, mais évitant le cisaillement
des vents dont on a parlé plus haut et que l'on peut trouver sur les bordures
septentrionales ou orientales des zones de haute pression.
Enfin, il y a une condition
absolument nécessaire, qui est en réalité une nécessité mécanique, physique
primordiale. Les courants d'air ascendants au cœur du système vont abaisser
la pression atmosphérique en surface, mais il n'y aura de dépression pouvant
se creuser que si on n'est pas trop près de l'équateur. En effet, sur
les régions équatoriales, conséquence de la rotation de la Terre sur elle-même,
le tourbillon ne peut se créer car la force de pression agit pour combler
immédiatement toute velléité de creusement dépressionnaire. Plus haut en latitude,
au-delà de 6°Nord ou Sud, intervient alors une force que l'on appelle la force
de Coriolis, et qui devient suffisante pour s'opposer à cette force de
pression. Nulle à l'Equateur, elle est maximale au pôle, c'est elle qui dévie
les objets météorologiques ou fluides en mouvement vers la droite par rapport
à leur trajectoire (mouvement vers le pôle pour les phénomènes circulant d'est
en ouest par exemple). Ainsi, un cyclone ne peut se former que s'il se situe
à plus de 6 ou 7° de latitude. C'est cette condition qui empêche aux cyclones
de se développer ou de se diriger vers la Guyane ou le nord du Brésil, pour
ne parler que des régions proches des Antilles : ce sont des zones trop proches
de l'Equateur !
Toutes ces conditions sont
donc nécessaires à la formation et au développement d'un cyclone tropical. Si
l'une au moins de ces conditions n'est pas remplie, le cyclone ne peut se former.
Si un cyclone était formé et qu'une de ces conditions disparaît, il s'affaiblira
et pourra se désagréger au bout de quelques heures :
voyage au-dessus d'eaux
trop froides ;
parcours sur de larges
étendues terrestres ; c'est le cas de cyclones passant sur Porto Rico, Haïti
ou Saint-Domingue par exemple. Privés de carburant, ils sortent de ces îles
très affaiblis. S'ils rentrent, on dit atterrissent, sur des continents,
sur le Mexique ou les Etats-Unis par exemple, ils peuvent mourir, se dissiper,
dans les 24 heures ;
environnement atmosphérique
défavorable avec moins d'humidité disponible dans les couches moyennes ;