Le centre de Miami est probablement
le plus perfectionné et le plus complet des centres spécialisés dans la connaissance
des cyclones. Il fait autorité dans la communauté météorologique internationale.
Voici notamment le genre de bulletins et avis qu'il émet.
Durant la période des cyclones
tropicaux de la zone concernée, soit du 1er juin au 30 novembre, des renseignements
sont fournis sous forme de bulletins réguliers ou non, diffusés sur les réseaux
de télécommunication spécialisés, ou même désormais sur les réseaux publics
de type Internet.
Bulletins réguliers
: appelés Tropical Weather Outlook in ATlantic (en-tête abrégé TWOAT),
transmis et réactualisés toutes les 6 heures. Ces messages indiquent les zones
de temps perturbé surveillées plus particulièrement ainsi que celles où les
conditions deviennent favorables ou non aux développements de systèmes tourbillonnaires.
Lorsqu'un cyclone tropical est détecté, il fait ensuite l'objet de bulletins
spécifiques dont l'en-tête est rappelé dans ce bulletin régulier. Les unités
employées sont généralement américaines (mph pour mile terrestre par heure),
tout comme les dénominations géographiques (Leeward ou Windward islands notamment).
La signature du prévisionniste responsable, rédacteur de ce bulletin, est
systématique.
Bulletins spéciaux
: appelés aussi " advisories ", ce sont des messages particuliers concernant
les cyclones formés, qu'ils soient au stade de Dépression (Tropical Depression
Advisory), Tempête (Tropical Storm Advisory), ou Ouragan (Hurricane Advisory).
Ces avis, diffusés toutes les 6 heures donnent des informations sur les caractéristiques
du cyclone suivi et surveillé, les territoires éventuellement menacés, l'évolution
en cours. Ils sont rédigés sous forme de plusieurs bulletins distincts, émis
sous forme de " package " complet, dont l'usage est spécifique à chacun d'entre
eux.
message " advisory
public " ou Tropical Cyclone Public in Atlantic (en abrégé TCPAT),
destiné aux usagers grand-public, média y compris. Les unités utilisées
sont typiquement américaines : pression en mb (millibars au lieu des hectoPascals),
vitesse en mph ou mile terrestre par heure qui vaut 1,609 km/h, ... La réactualisation
de ce TCPAT, normalement effectuée toutes les 6 heures, peut toutefois se
faire à cadence plus élevée, toutes les 3 heures (à l'aide d'un " advisory
" intermédiaire donc), lorsque le cyclone menace directement un territoire
habité, voire toutes les 2 heures si le centre cyclonique est repéré et
suivi par un radar d'une station terrestre. Il faut remarquer que la position
du centre qui y est indiquée est en réalité une prévision à 3 heures d'échéance
faite à partir de la position analysée ou estimée.
message " advisory
marine " ou " forecast advisory " ou Tropical Cyclone Marine
in Atlantic (en abrégé TCMAT), destiné aux usagers de la mer.
Outre, comme le message précédent, l'indication des caractéristiques météorologiques
du système, telles que sa position actuelle (issue de la prévision à + 3
heures on l'a vu), son intensité et son déplacement observé durant les dernières
heures, d'autres informations sont fournies, les unités " marines " étant
généralement employées. Ce sont notamment la position analysée (par satellite,
avion, ou radar, ...) servant de base aux calculs effectués par les modèles
de prévision, ainsi que la position et l'intensité prévues à + 12, + 24
et + 36 h. ; une évaluation (" outlook ") à +48 et + 72 heures est également
indiquée. Ces prévisions sont en fait une synthèse des sorties des différents
modèles numériques, synthèse réalisée par le spécialiste du NHC. Apparaissent
encore dans ces avis d'autres données telles que l'extension des vents forts
autour du centre (rayons en milles nautiques pour des vents supérieurs à
34, 50 et 64 noeuds) ainsi que celle de la mer forte, là où les creux moyens
dépassent 12 pieds (3,60 m.).
message " advisory
discussion " ou Tropical Cyclone Discussion in Atlantic (en abrégé
TCDAT), destiné aux services météorologiques et décideurs, donc plutôt
à usage interne. Ces messages informent des choix effectués par les prévisionnistes
américains du NHC de Miami, sur leurs analyses, leur degré de confiance
aux différents modèles disponibles. C'est ce bulletin qui fournit en fait
des informations sur la crédibilité à apporter aux résultats des prévisions
numériques, sur les différents scénarios possibles quant à l'évolution du
cyclone. En fin de message apparaît une synthèse concise des prévisions
jusqu'à 72 heures d'échéance en terme de position du centre et de vent maximum
généré.
ces messages peuvent
être complétés par un message de probabilité ou Special Probability
Forecast in ATlantic (en abrégé SPFAT), qui comme son nom l'indique
fournit des éléments d'appréciation sur le risque statistique que le centre
cyclonique passe à proximité immédiate (à moins de 65 miles soit 100 km)
d'un lieu de la région dans les 3 jours à venir. Aux Antilles, on a souvent
constaté que c'est souvent lorsqu'il dépasse 20 ou 25 % que l'on
est amené à déclencher une Pré-Alerte, mais ceci est plus un constat a posteriori
qu'une règle utilisée dans la décision.
On peut le reconnaître aisément
: c'est à partir de ces messages, de ces avis, que nous bâtissons nos prévisions
de trajectoire dans les centres météorologiques des Antilles, celles-ci provenant
bien de la synthèse des résultats des différents modèles, passée par l'expertise
du " hurricane specialist " américain. Ces prévisions sont affinées et confrontées,
en Martinique comme en Guadeloupe, avec certaines sorties des modèles numériques
de prévision comme ARPEGE (modèle global français), CEP (modèle global européen),
UKMO (modèle de trajectoire cyclonique anglais de Bracknell), voire MOCCANA
(modèle par analogie développée à Météo-France La Réunion et adaptée aux Antilles).