QUALITE des PREVISIONS CYCLONIQUES

On le voit, les modèles ne manquent pas, et pourtant la prévision cyclonique reste encore insuffisamment précise pour que les plans de prévention fonctionnent parfaitement à tous coups ... Car à l'échelle d'un territoire de petite dimension, ou d'une île, une erreur de prévision de 50 ou 100 km, estimée faible par les modélistes et prévisionnistes, ou une erreur d'intensité de 30 ou 40 km/h en valeur de vent maximal, seront évaluées médiocres par les décideurs qui ne verront pas sur leur territoire, les effets escomptés ou prévus … D'où la nécessité de privilégier encore la prévention, de s'entourer d'un maximum de précautions lorsqu'il s'agit de se préparer à recevoir un cyclone ...

Malgré des progrès constants et indéniables au cours des dernières années, les prévisions de trajectoire restent délicates : l'erreur moyenne dans la position prévue du centre d'un système tourbillonnaire à 24 heures d'échéance dans nos régions des Petites Antilles dépasse encore 150 kilomètres, celle à + 48 heures d'échéance est voisine de 300 km , celle à + 72 heures supérieure à 400 km !

Il faut bien comprendre que cette valeur moyenne cache en réalité une grande disparité dans la qualité des prévisions (qu'on exprime souvent en statistique par " l'écart-type "). Ainsi l'erreur dans la prévision à + 24 heures du centre de LUIS a oscillé entre 70 et 100 km lors de son approche des îles des Petites Antilles. Celle concernant la prévision de HUGO en 1989 était plus faible encore, et ce jusqu'à plus de 48 heures d'échéance même. Cela nous a permis, à nous météorologistes des Antilles, de prévoir très tôt, plus de 2 jours avant, la probable arrivée de l'ouragan.

Même s'il est pourtant vrai qu'une erreur " minime " de 60 à 80 km qui représente pour nous, météorologues, de très bonnes prévisions, correspond toutefois à la distance qui sépare les îles d'Antigua et de la Guadeloupe. Ainsi, c'est la différence entre une île qui reçoit de plein fouet le phénomène et une île qui n'en subit que des effets atténués.

D'autres cas, MARILYN 95, comme pour IRIS trois semaines plus tôt d'ailleurs, ou pire encore LENNY 99, nous rappellent aussi que cet art de la prévision comporte encore beaucoup de lacunes, chacun en est conscient. La modélisation s'améliore, les données in-situ sont plus nombreuses (drop-sondes, avions, bouées), mais les connaissances en matière cyclonique sont encore loin de donner toute satisfaction, loin s'en faut … Des erreurs de 250 km pour une prévision à 24 heures sont encore parfois à déplorer, ce qui ne rend pas facile la tâche de la prévention et de déclenchement d'alertes …

Que de vastes perspectives de recherches et d'amélioration dans les années à venir !

 


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