EL NINO - LA NINA : DES ANOMALIES CLIMATIQUES

Le phénomène EL NINO, d'origine océanique, se caractérise par le réchauffement d’un immense réservoir d’eau superficielle qui s’étend du centre de l'Océan Pacifique jusqu’aux côtes du Pérou et de l’Equateur à l'Est.

Cette anomalie chaude de température de surface de la mer se produit de manière plus ou moins intense et s'accompagne de répercussions climatiques plus ou moins prononcées tous les 3 à 6 ans en moyenne (ces 30 dernières années, le cycle était voisin de 5 ans).

Le dernier en date a débuté au cours du 1er semestre 1997 et a duré à peine plus de 1 an, jusque vers juin 1998 : ce phénomène El Niño 97/98 compte toutefois parmi les plus intenses du siècle, son impact ayant été ressenti presque partout sur la ceinture équatoriale et tropicale du globe.

Incidences de EL NINO sur le Bassin Caribéen et l'Atlantique du Nord-Est
  • Une sécheresse relative sur la Caraïbe.

La sécheresse a été marquée en Martinique et Guadeloupe de juin 1997 à mai 1998. Un déficit de l’ordre de 30% en moyenne y a été observé.

D'ailleurs l'année 1997 a été la plus sèche sur la Grande-Terre de Guadeloupe depuis 50 ans !

  • Une activité cyclonique réduite au cours de l’année 1997.

Seulement 7 phénomènes cycloniques baptisés sur la zone : 4 Tempêtes Tropicales et 3 Ouragans, avec des mois d’août et septembre particulièrement peu actifs avec un seul cyclone évoluant sur l’Atlantique nord ...

Ce qu'on appelle LA NINA, par opposition au terme historique de El Niño, correspond à la phase froide de ce phénomène d'oscillation thermique du Pacifique Oriental, ou si l'on préfère à un indice d' Oscillation Australe positif.

Lorsque les eaux de surface deviennent plus froides que la normale sur ces régions de l'Est du Pacifique, cela s'accompagne de courants d'alizés très soutenus sur la ceinture équatoriale, et par une élevation de la "thermocline" de ces régions, celle-ci étant définie comme l'épaisseur d'eau océanique où le gradient thermique est le plus fort, c'est-à-dire où s'observe un rapide changement de température de la surface vers les eaux plus profondes. Une des premières conséquences est l'augmentation des pluies sur le Pacifique Occidental.

Si cette phase dite de La Niña est moins connue que son pendant El Niño, c'est probablement parce qu'il y eut peu d'épisodes où elle s'est réellement manifestée durant les 2 dernières décennies.

N'empêche que la succession rapide de conditions climatiques très différentes, voire extrêmes, lors de la bascule du phénomène El Niño vers son opposé La Niña, amène un "stress" important à l'environnement.

Le cas de l'Indonésie en est un parfait exemple : la sécheresse sévère de l'an dernier fut suivie par des pluies importantes cette année. En fait, la sécheresse avait provoqué de gigantesques feux de forêts qui ont laissé de grandes étendues dénuées de végétation. Cette année, l'épisode fort de La Niña s'est accompagné de très fortes pluies sur ces mêmes zones, occasionnant inondations, glissements de terrain et coulées de boues.

Des chercheurs Chinois ont indiqué aussi que des pluies torrentielles sur le centre de la Chine étaient plus probables l'année suivant la survenance d'un phénomène El Niño, mais cela demande encore d'être étudié plus complètement.

Alors que les effets de La Niña, communs à ceux des pluies de mousson habituelles dans ces régions de l'Asie du Sud et du Sud-Est, ont parfois été considérées comme moins évidents que ceux attribués à El Niño, il s'avère que comme on le voit maintenant, on peut les lister comme on l'a fait pour El Niño.

 

CONSEQUENCES DE LA NINA SUR LA CIRCULATION GENERALE DES OCEANS
ET DE L’ATMOSPHERE – INTERRACTION OCEAN / ATMOSPHERE
  • L’équateur météorologique se déplace vers le nord.
  • Les vents alizés se renforcent sur le Pacifique.
  • Les courants marins sont modifiés.
  • Des précipitations plus importantes que la normale apparaissent sur la partie occidentale du Pacifique équatorial (notamment vers l'Indonésie), l'Asie du Sud et du Sud-Est, le nord et nord-est de l'Australie, le sud de l’Afrique, le nord de l'Amérique du Sud (Brésil inclus) et l'Amérique Centrale (les Antilles y compris), l'archipel d'Hawaï …
  • Des périodes de sécheresse prononcées sont observées sur les îles intertropicales du Pacifique Central, sur tout le sud de l’Amérique du Nord (états américains bordant le Golfe du Mexique notamment), le nord du Mexique et la Californie, en Afrique du Centre et de l'Est, certaines régions du sud-est et sud-ouest de l'Amérique du Sud …

Les désordres climatiques liés à La Niña sont considérés dorénavant, grâce aux études effectuées ces dernières années, comme non négligeables et parfois aussi intenses que ceux générés par El Niño. Bien entendu, si ces impacts climatiques sont typiques de ce phénomène, cela ne signifie pas qu'il n'existe pas d'autres facteurs très influents aussi, tels que la dynamique interne de l'atmosphère, les champs de températures de surface de la mer sur les autres bassins océaniques, les conditions locales de surface ainsi que les inévitables variabilités climatiques régionales.

Les modèles numériques couplés océan - atmosphère ont commencé à fournir les outils de prévision qui permettront aux climatologues de prendre en compte tous ces paramètres d'influences lors de l'établissement de leurs prévisions saisonnières.

 

QU'EN EST-IL EN CETTE ANNEE 1998 ?

Des conditions d'occurrence de La Niña sont apparues sur l'Océan Pacifique tropical, tout de suite après la dissipation du phénomène El Niño de 97/98, vers la fin du 1er semestre de l'année 1998. Ce début d'épisode "froid" a débuté dès mai et juin par une diminution extrêmement rapide des températures de surface de l'océan. Certes, le taux de refroidissement a un peu ralenti depuis, mais en octobre, les températures de la mer étaient nettement plus basses que la normale des côtes sud-américaines jusqu'à la zone entourant la ligne de changement de date (vers le 180°W).

Actuellement, à la fin octobre 98, les températures des eaux de surface des régions centrales et occidentales de l'Océan Indien sont à des valeurs atteignant leur niveau le plus bas depuis le début de l'année. Inversement, pendant ce temps, la mer s'est réchauffée dans le Pacifique Occidental (vers l'Indonésie notamment) et dans l'Océan Indien Oriental (vers l'Australie).

Ces évolutions thermiques sont accompagnées par des modifications de la circulation océanique dans le Pacifique où, dès la fin août, la thermocline équatoriale était plus proche de la surface que d'habitude (moins de 40 mètres de profondeur) entre les côtes d'Amérique du Sud jusqu'à l'ouest du 140°W.

En liaison avec ces évolutions de la température de la mer, les zones de forte instabilité convective sont revenues dans leurs régions habituelles, dans l'ouest du Pacifique et dans l'est de l'Océan Indien. De fortes pluies ont donc été observées sur l'Indonésie, dont Bornéo, depuis le mois d'août et une grande partie de l'Australie connaît de nouveau un temps très humide.

On peut d'ailleurs s'attendre à ce que d'autres impacts de fortes précipitations liées à La Niña se produisent encore si cet épisode "froid" en cours continue à se développer.

 

INCIDENCES SUR LE BASSIN CARIBEEN ET L’ATLANTIQUE DU NORD-EST

  • Une période humide relative sur la Caraïbe et une saison des pluies marquées

La saison des pluies 98 est bien marquée de juillet à octobre tant en Martinique qu'en Guadeloupe avec des excédents pluviométriques de l'ordre de 20 à 40 %.

  • Une activité cyclonique très forte à partir de fin août 1998

Total de 13 phénomènes cycloniques baptisés sur la vaste zone Atlantique : 4 Tempêtes Tropicales et 9 Ouragans dont 4 d'origine strictement "cap-verdienne".

Les 25 et 26 septembre, pour la 1ère fois dans le siècle, 4 ouragans existent simultanément sur l’Atlantique nord, GEORGES, IVAN, JEANNE et KARL.

 

PERSPECTIVES

Il y a une bonne concordance, en matière de prévision climatique, des différents modèles dynamiques et statistiques qui prévoient une continuation de la baisse des températures de surface de la zone tropicale de l'Océan Pacifique jusqu'à la fin de l'année. On peut donc avancer que les impacts climatiques déjà observés de par le monde liés à La Niña devraient se poursuivre encore au cours des tous prochains mois.

Par contre, les prévisions de températures de surface des Océans Atlantique et Indien ne sont faites que dans quelques centres seulement, et sont réputées pour être de moins bonne qualité que celles concernant l'Océan Pacifique. Pourtant, on sait que ces océans jouent un rôle important sur les évolutions et les répartitions des précipitations sur les continents qui les bordent (Afrique et Amérique du Sud notamment) et peuvent également contribuer à certaines variabilités climatiques dans d'autres régions du globe.

Ainsi, les incertitudes sur de telles prévisions induisent des imprécisions supplémentaires sur les prévisions climatiques que l'on peut établir pour ces régions.

Quant à la zone de l'Atlantique, le mois de septembre a vu 8 cyclones baptisés (de DANIELLE à KARL), l'activité cyclonique a été intense durant plusieurs semaines avec quelques phénomènes extrêmes particulièrement meurtriers (GEORGES puis MITCH). On ne peut nier l'influence de La Niña sur cette explosion de cyclones dans nos régions ...

 

BIBLIOGRAPHIE

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