Qu’est-ce qu’un CMRS/Cyclones tropicaux ?


1/ Introduction


Chaque année, environ 80 tempêtes tropicales ou cyclones tropicaux se forment sur les eaux tropicales du globe. Ces phénomènes météorologiques figurent parmi les phénomènes naturels les plus dévastateurs, représentant, tous phénomènes confondus (y compris non météorologiques, tels que les tremblements de terre), environ 20% de la mortalité et des dégâts causés chaque année à travers le monde. Leur potentiel de destruction, que ce soit du fait des vents violents qu’ils génèrent, des pluies diluviennes qu’ils occasionnent, ou des phénomènes plus ou moins dangereux et dévastateurs qui les accompagnent, tels que marées de tempête, inondations, tornades, est fonction de leur intensité et de leur structure et est exacerbé par la durée de leur impact, l’extension et la vulnérabilité des zones touchées.
Chaque année, les cyclones tropicaux font des milliers de victimes et sont la cause de dommages considérables. Pouvant affecter sévèrement la vie socio-économique des zones impactées, voire même, dans les cas les plus extrêmes, pouvant provoquer un recul de plusieurs années en arrière dans le niveau de développement socio-économique d’une région ou d’un pays, les météores les plus marquants ont ainsi imprimé leur nom dans la mémoire collective : les noms de Katrina (2005) ou de Nargis (2008) sont désormais indéfectiblement attachés au traumatisme laissé par leur passage dans la zone de la Nouvelle-Orléans ou en Birmanie.
Bien que moins médiatisé, le Sud-Ouest de l’océan Indien est lui aussi assujetti au risque cyclonique et a également eu à subir quelques cyclones particulièrement violents et destructeurs, comme, dans l’histoire récente, les cyclones Eline (en 2000) ou Gafilo (en 2004), qui ont fait plusieurs centaines de morts au Mozambique et à Madagascar.

2/ Des CMRS / Cyclones Tropicaux

L’importance majeure du phénomène cyclone (et pas seulement en comparaison des autres risques météorologiques, comme on l’a explicité précédemment), a justifié qu’un traitement spécifique lui soit appliqué et que des moyens dédiés soient mis en œuvre pour se prémunir contre ce risque, dans le but de minimiser autant que faire se peut les conséquences néfastes de ces météores, au profit des populations potentiellement sous la menace de ces phénomènes.

Sous l’égide de l’OMM (Organisation Météorologique Mondiale), et plus particulièrement de son Programme des Cyclones Tropicaux (PCT) de la Veille Météorologique Mondiale, un système mondial de surveillance et de prévision des systèmes dépressionnaires tropicaux, coordonné à l’échelon global et régional, a ainsi progressivement été mis en place. Si les Services Météorologiques Nationaux restent des maillons essentiels dans la chaîne de prévention et d’alerte des populations par rapport au risque cyclonique, étant en particulier directement en liaison avec les organismes de protection civile et de gestion des catastrophes naturelles, il a été ressenti le besoin de disposer de centres d’expertise spécialisés chargés du suivi opérationnel et de la prévision de "premier niveau" des perturbations tropicales.

Utilisant les outils technologiques les plus modernes, chacun de ces centres désignés, et reconnu comme Centre Météorologique Régional Spécialisé (acronyme CMRS), a en charge une zone de responsabilité sur laquelle il exerce la surveillance opérationnelle de tous les systèmes dépressionnaires tropicaux amenés à se former ou à évoluer, de leur naissance jusqu’à leur mort. Ils fournissent également, à intervalle régulier, des prévisions de trajectoires, d’intensité et d’évolution de la structure de ces phénomènes, prioritairement à destination des Services Météorologiques Nationaux de la zone concernée, mais qui servent également de référence pour les médias internationaux et pour un certain nombre d’usagers, maritimes notamment.

Ces CMRS/Cyclones tropicaux sont au nombre de six. Pour compléter la couverture globale des océans tropicaux sujets aux perturbations tropicales, six autres centres, dénommés Centres d’Avertissements de Cyclones Tropicaux (TCWC - Tropical Cyclone Warning Centres, en anglais), assurent le suivi et la prévision des cyclones dans des zones de responsabilité géographiquement plus restreintes.


Centres Météorologiques Régionaux Spécialisés (CMRS)
CMRS Miami-Centre des Ouragans
NOAA/NWS National Hurricane Center, USA.
Mer des Caraïbes, Golfe du Mexique,Atlantique Nord et Pacifique Nord-Est
CMRS Tokyo-Typhoon Center
Agence Météorologique Japonaise
Pacifique Nord-Ouest
et Sud de la Mer de Chine
CMRS/Cyclones tropicaux New Delhi
India Meteorological Department
Océan Indien Nord
(Golfe du Bengale et Mer d’Arabie)
CMRS/Centre des Cyclones Tropicaux de La Réunion
Météo-France
Océan Indien Sud-Ouest
(incluant le Canal de Mozambique)
CMRS/Centre des Cyclones Tropicaux de Nadi
Fiji Meteorological Service
Pacifique Sud-Ouest
CMRS - Centre des Ouragans de Honolulu
NOAA/NWS, USA
Pacifique central Nord
Centres d’Avertissements de Cyclones Tropicaux ("TCWC")
TCWC-Perth
Bureau of Meteorology, Australie
South-East Indian Ocean
TCWC-Darwin
Bureau of Meteorology, Australie
Mer d'Arafura et Golfe de Carpentarie
TCWC-Brisbane
Bureau of Meteorology, Australie
Mer de Corail
TCWC-Port Moresby
National Weather Service, Papouasie Nouvelle-Guinée
Mer Solomon et Golfe de Papouasie
TCWC-Wellington
Meteorological Service - Nouvelle Zélande
Mer de Tasmanie
TCWC-Jakarta
Badan Meteorologi and Geofisika
Ocean Indien Nord-Est

La carte ci-dessous montre les différentes zones de responsabilité des divers centres (CMRS et TCWC).

Carte des AoR
Les différents domaines de responsabilité des Centres (CMRS et TCWC).
Source: WMO.


Sous l’égide du Programme des Cyclones Tropicaux, des réunions de coordination technique se tiennent à intervalle régulier entre représentants des différents CMRS et TCWC, pour assurer la cohérence et la coordination globale du système.

3/ Le rôle et les missions d’un CMRS / Cyclones Tropicaux

Chaque CMRS exerce ses activités dans un cadre régional et conformément à un Plan d’Opérations, qui définit l’ensemble des procédures et arrangements régionaux en vigueur pour assurer le meilleur service possible en matière de suivi opérationnel des systèmes dépressionnaires tropicaux dans la zone concernée. Fruit de la coopération entre le CMRS et les différents Services Météorologiques Nationaux impliqués, coordonnée par le Programme des Cyclones tropicaux de l’OMM, ce Plan d’Opérations est régulièrement révisé et actualisé.
La mission première d’un CMRS (ou TCWC) est la détection, le suivi et la prévision opérationnelle des systèmes dépressionnaires tropicaux sur sa zone de responsabilité. Elle s’exerce via la fourniture de bulletins d’analyse et de prévisions régulièrement actualisés, dont les informations servent de référence de base et de guide pour les Services Météorologiques Nationaux dans l’élaboration de leurs prévisions locales et messages d’alerte pour la prévention du risque cyclonique sur leurs territoires nationaux et eaux côtières.
Cette fonction opérationnelle des CMRS inclut normalement la responsabilité de décider du moment où l’on doit nommer les perturbations (procédure de "baptême" pratiquée dans tous les bassins cycloniques et visant à identifier les systèmes dépressionnaires tropicaux par un nom, dès lors qu’ils atteignent une intensité significative).
Les CMRS ont également à gérer un certain nombre d’activités connexes découlant directement de leur rôle opérationnel. Il s’agit de : la réalisation de résumés annuels sur l’activité cyclonique, la publication de statistiques de performances des prévisions (vérifications de la qualité des prévisions diffusées), et, enfin, le maintien d’une base de données archivées sur les systèmes dépressionnaires tropicaux de leur bassin.
Outre sa vocation opérationnelle, les missions essentielles d’un CMRS incluent également des activités de recherche et de formation dans le domaine des cyclones tropicaux (formation notamment de prévisionnistes des Services Météorologiques Nationaux), l’implication dans des activités de vulgarisation et d’information du Grand Public visant à accroître sa connaissance sur les systèmes dépressionnaires tropicaux.