En Algérie du Nord, le phénomène d'érosion hydrique présente la forme de dégradation physique des sols la plus sérieuse affectant les reliefs. Ce phénomène est lié au contexte socio-économique de l'utilisation des ressources naturelles au-delà de leur capacité de restauration, aggravé souvent par les fluctuations des conditions climatiques. Il conduit à un déclin permanent des activités économiques, enracinant la population locale dans la pauvreté et les poussant à un exode massif. Pour suivre la progression de ce phénomène insidieux et pour évaluer les résultats des actions de lutte, les outils spatiaux, tels que la télédétection et les systèmes d'informations géographiques (SIG), semble être privilégiés, car ils permettent d'élaborer des cartes précises sur la progression de la dégradation à partir des indicateurs écologiques qui mettent en évidence les transformations du milieu. Ces indicateurs sont très corrélés aux paramètres radiométriques de surface, tels que l'albédo, l'indice de végétation (NDVI) et la température de surface. L'objectif de cette étude est de développer une méthodologie pour la cartographie du risque de dégradation par utilisation combinée de l'information acquise par les capteurs satellitaires et des variables dérivées du modèle numérique de terrain (MNT). Le site pilote retenu est un écosystème montagneux très vulnérable à l'érosion hydrique, situé dans les monts des Béni-chougrane (nord-ouest de l'Algérie). Il correspond au bassin versant d'oued Fergoug d'une superficie d'environ 170 km². Le jeu de données est constitué de douze images satellitaires Landsat acquises durant l'année 2002, d'un MNT et des mesures météorologiques et pédologiques de terrain. La méthodologie présentée consiste à développer un indice quantitatif de dégradation des sols en fonction de deux paramètres : la fraction d'évaporation (EF), déduite par le modèle S-SEBI(Simplified Surface Energy Balance Index), qui discrimine l'état hydrique de surface, et l'indice de couleur (IC) qui reflète le statut organique des sols. La synthèse de l'ensemble des informations dans un SIG, ainsi que leurs confrontations avec les données géomorphologiques, ont permis de dresser des cartes de sensibilité à l'érosion hydrique selon cinq degrés (végétation très dense, végétation dense, état critique, état dégradé et état très dégradé), dans lesquelles, les zones en état dégradé et très dégradé couvrent 29% de la superficie du bassin versant contre 43% des terres à couvert végétal dense ou très dense. Le reste (28%) étant en état critique. Les résultats obtenus et leurs validations avec la réalité terrain montrent l'intérêt de l'intégration des informations radiométriques et géomorphologiques dans un SIG pour l'analyse et le suivi du risque de dégradation par érosion hydrique dans le bassin versant d'oued Fergoug.