Le suivi des transferts de masse et d'énergie au niveau d'une surface est prépondérant pour la gestion des ressources hydriques et végétales. Il est également nécessaire à la bonne compréhension des systèmes hydrologiques et climatiques, ainsi qu'au suivi et à la prévision de leurs évolutions. La télédétection est un outil privilégié pour la réalisation de ce suivi, car elle fournit des informations liées aux transferts de masse et d'énergie, et en particulier aux processus d'évapotranspiration. L'évapotranspiration est l'un des phénomènes fondamentaux contrôlant l'équilibre de notre planète. Elle constitue le lien entre l'équilibre hydrique et énergétique à l'interface sol-plante-atmosphère. Sa connaissance est indispensable pour les études climatiques et agrométéorologiques. L'objectif de notre travail est l'utilisation des données multispectrales du capteur Landsat-7 ETM+ pour l'estimation des flux énergétiques de surface à partir de la résolution de l'équation du bilan d'énergie par le modèle SEBAL. Ce modèle est alimenté principalement par les données de télédétection qui sont l'albédo, l'indice de végétation et la température de surface. Il permet d'estimer les termes du bilan énergétique, à savoir le rayonnement net, le flux de chaleur dans le sol, le flux de chaleur sensible. Le flux de chaleur latente, qui représente l'équivalent énergétique de l'évapotranspiration, est obtenu comme le terme résiduel de l'équation du bilan d'énergie. Différents indices d'humidité, dérivés de l'évapotranspiration, peuvent être calculés : la fraction d'évaporation, le paramètre de Priestley-Taylor et la résistance de surface à l'évaporation. Ces indices calculés autorisent le diagnostic quantitatif de l'état hydrique du pixel. Le site pilote choisi correspond à une région dans la plaine agricole de la Habra dans l'ouest algérien. Il s'étend sur une superficie de 364 Km2. Le jeu de données utilisé est constitué de quatre images du capteur ETM+, acquise durant l'année 2002, et des mesures agrométéorologiques de terrain. Les résultats obtenus confirment les possibilités offertes par les données de télédétection à haute résolution spatiale, telles que ETM+ de Landsat ou Aster, pour résoudre l'équation du bilan d'énergie, évaluer le degré de stress hydrique et bien différencier les parcelles soumises à différentes conditions d'eau. Cependant, les estimations de l'évapotranspiration et des flux énergétiques de surface ne peuvent être considérés comme très précises par rapport aux mesures de terrain. Une comparaison entre les valeurs du flux de chaleur latente estimées à partir de l'image par SEBAL et celles estimées au sol par le rapport de Bowen montre un écart significatif, avec une RSME de 42 W.m-2 et un coefficient de corrélation de 0,70. Cet écart peut être expliqué par les imprécisions des variables intermédiaires utilisées par le modèle METRIC, tels que l'émissivité de surface, le flux de chaleur dans le sol, les longueurs de rugosité, etc. Malgré ces imprécisions, l'approche utilisée apparaît assez indiqué pour une réelle exploitation des données satellitaires pour l'estimation d'un certain nombre de paramètres à l'interface sol-plante-atmosphère. Ces paramètres ont l'avantage d'être spatialisés et d'offrir une couverture spatio-temporelle plus satisfaisante que les données ponctuelles mesurées opérationnellement. Ils posent par contre le problème d'être indirectes et nécessitent d'avoir recours à des modélisations du transfert radiatif au sein de l'atmosphère et au niveau de la surface pour leur interprétation en termes de variables physiques.